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dimanche, 01 février 2009

L'ère du Verseau-Lion

par Jean-Marie Mathieu

 

 

Peuls 2.jpg
Silhouette à partir d'une statuette en bronze d'un artiste mossi.
Ouagadougou, Burkina Faso, 1983. [1]

 

 

à notre petite sœur Germaneta [2]

 

   Joseph Ratzinger, élu pape en 2005 sous le nom de Benoît XVI, connaît très bien la théologie de l'histoire de saint Bonaventure, ce franciscain docteur de l'Église (1221-1274), puisqu'il lui a consacré sa thèse d'habilitation en théologie il y a cinquante-deux ans. Dans cette thèse publiée en 1988 [3], il donne le schéma suivant :

« avant la loi + sous la loi - vocation des gentils + vocation des Juifs. »

   Le sens principal des « théories » de saint Bonaventure est déjà dégagé par là : elles sont une annonce de ce qui va venir. Car si l’appel des Juifs à l’Église du Christ se fait encore attendre, abstraction faite des témoignages de l’Écriture qui le promettent, leur venue peut se déduire de la correspondance nécessaire des Testaments. En même temps, l’inachèvement du temps actuel apparaît par là. Une fois que ce temps sera venu, s’accomplira aussi la parole d’Isaïe : « Les peuples ne lèveront plus l’épée l’un contre l’autre. » (Is 2 , 4)  Et Joseph Ratzinger de préciser alors : « Une nouvelle espérance messianique s’affirme ici, une espérance intérieure au monde, intérieure à l’histoire (…) Bonaventure croit en un nouveau salut dans l’histoire, à l’intérieur des limites de cet âge du monde. Ce très important changement de portée de la compréhension de l’histoire doit être considéré comme le problème central de la théologie de l’histoire de l’Hexaëmeron, » c’est-à-dire du commentaire sur les six Jours de la création.

   Mettons le schéma en perspective pour mieux en apprécier la pertinence :

P4.jpg

   Un curieux texte du Talmud de Babylone, traité Sanhédrin 97a, annonçait depuis longtemps que « le monde doit durer six mille ans ; deux mille ans de chaos, deux mille sous la Thorah et deux mille sous le Messie.» Cette Tradition se retrouvera sous la plume du premier grand théologien occidental, saint Irénée de Lyon : « Si la Création a été achevée en six Jours, explique-t-il, il est clair que la consommation des choses aura lieu la six millième année. » [4] Comme la Tradition fixe la durée d’un cycle zodiacal à deux mille ans, deux Jours de la grande Semaine de la création, l’ère du Verseau viendra après le Grand Jubilé que l’Église a célébré en l’an 2000. Patrick de Laubier a bien expliqué que  si l’Église, Corps du Christ, doit revivre la vie de son Seigneur, « il convient pour elle de revivre ce moment privilégié [ le jour des rameaux, avant la Passion ] à l’intérieur de l’histoire, cet hosanna historique que nous appelons la "civilisation de l’amour", ce véritable "dimanche des Rameaux" qui sera rendu possible par l’unité des chrétiens, la réconciliation de l’Église et de la Synagogue, lorsque l’Évangile aura été annoncé à tous les peuples. Ainsi verra-t-on la prière de Jésus [ « que ton Règne vienne ! » ] exaucée, celle que les chrétiens répètent depuis des siècles sans pouvoir connaître la portée de cette extraordinaire supplication. » [5] Les trois ères zodiacales de deux mille ans chacune – Taureau, Bélier et Poissons – déboucheront sur celle du Verseau. En attribuant les lettres du Nom YHWH à ces quatre âges du monde, se révèle le dévoilement progressif du mystère trinitaire, le plan divin :

 

Y (PÈRE) ÈRE DU TAUREAU

   Regroupant toutes les époques antérieures, depuis nos premiers parents Adam et Ève jusqu’au patriarche hébreu Abram d’Ur en Chaldée. L’humanité s’éloigne, par orgueil, de son Créateur, le Père des cieux, et s’égare dans les cultes païens des forces de la nature, de la fécondité et de la vie symbolisées par le bovidé sacré. Le signe zodiacal en face du Taureau est celui du Scorpion, animal noir venimeux représentant le pouvoir du mal. Dieu cependant n’abandonnera pas l’humanité aux désastreuses conséquences du péché originel, puisqu’Il conclura avec Noé et ses fils une Alliance, dont l’arc-en-ciel reste le signe cosmique le plus éclatant.

 

H (ESPRIT DU PÈRE) : ÈRE DU BÉLIER

   En choisissant Abraham, Dieu entre désormais dans l’histoire des hommes, grâce à l’intermédiaire d’un clan de nomades pasteurs orientaux, les Araméens, d’où surgiront les prophètes hébreux porte-parole de l’Esprit du Père – « l’Esprit du Christ » (1 P 1, 11) – qui prépareront la venue du Messie Agneau sauveur. Le signe zodiacal en vis-à-vis, la Balance, souligne combien l’Ancienne Alliance sera dominée par la rigueur de la Loi, la stricte Justice : œil pour œil, dent pour dent, mesure pour mesure, limitant heureusement la vendetta.

 

W (FILS) : ÈRE DES POISSONS

   Lorsque les temps furent accomplis, il y a 2000 ans, le Père envoya pour vivre parmi nous son Fils, né de Marie, la Vierge de Nazareth. [6] Précisément, le signe zodiacal en face des Poissons est celui de… la Vierge ! Admirons en silence cette époustouflante coïncidence. Le "faux pas" des Juifs qui « refusèrent de se soumettre à la Justice de Dieu » comme dit saint Paul (Rm 1, 4) permettra aux nations de recevoir la Bonne Nouvelle du Pêcheur d’hommes.

 

H (ESPRIT DU FILS) : ÈRE DU VERSEAU

   Le pape Jean XXIII en annonçant le concile Vatican II avait prié pour une "Nouvelle Pentecôte". Depuis lors, l’Église vit une étape décisive dans son pèlerinage terrestre, qui fut marqué il y a peu par le Grand Jubilé de l’an 2000. L’Esprit du Fils va être dé-versé sur toute chair (Joël 3, 1), afin que jaillisse la "civilisation de l’amour" sur les cinq continents, dans les sept parties du monde. Le signe zodiacal en vis-à-vis, le Lion solaire, annonce que voici venu le temps pour le peuple juif de reconnaître le Messie, le véritable « Lion de la tribu de Juda » (Ap 5, 5) : Jésus le Christ. N’en déplaise aux kabbalistes de Jérusalem ou de New York, l’ère du Verseau-Lion ne sera pas post-christique. Elle verra au contraire l’achèvement, la plénitude du christianisme, lequel, enrichi de la sève des racines de l’olivier franc pour mieux nourrir toutes les branches, portera ainsi de plus beaux fruits. Cela après d’angoissantes épreuves prophétisées par le Mère de Dieu à La Salette en 1846. Le Sacré-Cœur « régnera malgré ses ennemis » et « à la fin le Cœur Immaculé de Marie triomphera », comme il a été révélé à Paray-Le-Monial en 1675 et à Fatima en 1917.

   Ainsi que le notait Albert Frank-Duquesne « l’Église catholique se refuse à spéculer vainement sur un "millénaire", au cours duquel le Christ régnerait littéralement et visiblement sur terre parmi les saints déjà ressuscités des morts ; mais elle croit, et son instinct d’Épouse ne la trompe pas, qu’avant l’ultime course à l’abîme qui doit nous chasser, nous pousser dare-dare vers le trône du Jugement, elle connaîtra des victoires dépassant de loin tous les triomphes qu’elle a remportés jusqu’à présent. De grandes nations extrêmes-orientales, mais aussi les plus humbles tribus d’Afrique, des deux Amériques et d’Océanie, doivent contribuer encore à la plénitude de sa catholicité. Son unité rompue, mutilée, gravement atteinte, doit être rétablie, pour qu’elle puisse adresser au monde un message qu’elle ne soit pas la première à contredire, à renier, par son existence même à l’état de disjecta membra. » [7]

   La Révélation hébraïco-chrétienne se déploie au long de quatre ères zodiacales, condensant le cosmos tout entier : elle seule est la religion historique universelle. Et le Nom de gloire Y H Sh W H qu’elle déroule au fil des siècles illustre que la nouvelle, définitive et éternelle Alliance est scellée dans le sang du Christ. Comme l ‘annonce prophétiquement le Psaume 47, Dieu sera à la fois le roi d’Israël et du monde. L’unique peuple élu, Israël, et toutes les nations formeront ensemble le Corps de l’Église, dont le Messie Roi est la Tête. L’Alliance noachique était la préfiguration de cette paix céleste qui régnera alors. Sur l’étendard de sainte Jehanne d’Arc se voyait le Christ Jhésus en gloire assis sur l’arc-en-ciel. « Celui qui siège est comme une vision de jaspe-vert ou de cornaline ; un arc-en-ciel autour du trône est comme une vision d’émeraude. » (Ap 4, 3)

   Les douze signes du zodiaque ornent la plupart des cathédrales du Moyen Âge. Le Verseau y représente le mois de janvier tout en annonçant symboliquement le futur royaume de la chevalerie célestielle sous la forme du saint Graal enfin contemplé, ce vase sacré réputé contenir les sept dons du Sant Esperit !

 

 

Notes

[1] Couverture de la princeps de mon essai sur Les Bergers du Soleil, l’Or peul, Saint-Donat, Data Imprim’, 1988, Préface de Jean-Gaston Bardet, Président d’honneur de la Société française des urbanistes.

[2] Germaine Cousin de Pibrac (1579-1601), sainte patronne des bergers et des pastourelles ; "un lien subtil relie la Contrelittérature" à cette petite sœur : cf. sur le blog CONTRELITTÉRATURE ‘pour le rayonnement intellectuel du Sacré-Cœur’, l’article poétique d’Alain Santacreu du 14 avril 2006 : La Germaneta de la Contrelittérature.

[3] La théologie de l’histoire de saint Bonaventure, trad. Robert Givord, Paris, PUF, 1988, p. 16.

[4] Contre les hérésies, V, 28, 3, Paris, le Cerf, 1969, p. 359.

[5] Le temps de la fin des temps ; essai sur l’eschatologie chrétienne, Paris, Éd. F.-X. de Guibert, 1994, Préface du P. René Laurentin, p. 139.

[6] Notre Dame est représentée par la lettre hébraïque shin, Sh, symbolisant la chair, nature humaine assumée par le Verbe ; en insérant le shin, Sh, au cœur du Tétragramme YHWH, on obtient le Nom de gloire Y H Sh W H, qui nombre 10+5+21+6+5 = 47.

[7] Ce qui t’attend après ta mort, ‘La vie dans l’Au-delà à la lumière de la Révélation chrétienne’, Paris, Éd. Franciscaines, 1947, p. 126.

 

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Commentaires

Belle spéculation ! Très belle, d'une espérance belle !
Nénamoins, il faut être prudent quant à la lecture des signes. La foi ne saurait se reposer dans les signes, la foi ne doit pas connaître de repos, tout court ! "Ignorant le chemin parcouru, nous allons droit de l'avant" disait saint Paul ... et tout, même les cieux et leurs demeures, sera transfiguré, le Zodiaque a son dynamisme propre, n'oublions pas le nôtre, celui de notre espérance ...
Merci de partager ces belles connaissances, merci.

Écrit par : Thierry | lundi, 02 février 2009

Merci pour ce commentaire encourageant. Oui, restons prudents, restons tout petits devant le Seigneur. Comme dit l'Apôtre inspiré par l'Esprit Saint: "La science enfle et la charité édifie."
"En ce temps-là Jésus prit la parole et dit: "Je Te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux habiles et de l'avoir révélé aux tout petits; oui, Père, car tel a été Ton bon plaisir!" ( Mt 11, 25-26) N'est-elle pas extraordinaire cette phrase, sortie de la bouche du Logos incarné, quand on y pense?

Écrit par : Jean-Marie MATHIEU | mardi, 03 février 2009

Admirable, oui, vous avez raison !
Il nous faut une science "humble et charitable", faites d'amour et d'humus non de scrofuleuses sédimentations. L'Esprit est une énergie dynamique. Blake ou Berdiaev avaient tout à fait raison de louer la sainte imagination, les visions de Blake sont merveilleuses, il convient seulement, sous le sceau de l'Esprit, là encore, de ne surtout pas les durcir en Système forclos !

Écrit par : Thierry | mercredi, 04 février 2009

Puisque mon article est dédié à sainte Germaine de Pibrac, qu'on me permette de rapporter cette petite 'histoire' (lue en site carmina-carmina.com) : le corps de sainte Germaine, retrouvé intact en 1644 - tellement frais malgré 43 ans dans la terre ! - fut placé debout près de la chaire dans l'église du village de Pibrac, devant le banc des notables, exposé à la vue de tous. Un an plus tard, une des notables du lieu, dame Marie de Clément Gras, épouse de sieur François de Beauregard, se mit à rechigner parce que Germaine était placée juste à côté de son banc à l'église! Elle ordonna qu'on le déplaçât. Ce qui fut fait. Bien mal lui en prit. La dame attrapa un ulcère au sein et son nourrisson devint presque moribond. On fit venir des médecins de Toulouse : en vain. Alors le mari rappela à sa femme Marie le mépris qu'elle avait eu pour la pauvre Germaneta et se demanda si Dieu n'avait pas été offensé et voulait la punir par cette maladie... Sa femme demanda alors pardon. La nuit suivante, elle se réveilla et vit une grande clarté dans sa chambre. Elle crut voir Germaneta qui lui prédit la guérison de son enfant. Elle regarda son sein : la plaie était quasi cicatrisée ; elle regarda son nourrisson : il était guéri et têta avidement le lait qu'il refusait depuis si longtemps! Le lendemain, dame Marie de Clément Gras offrit un cercueil de plomb où l'on plaça le corps intact et frais de la Germaneta..." Merci, très chère petite sœur occitane, sainte patronne des bergers et des pastourelles, pour cette 'leçon' pleine de pardon et d'humour célestes !

Écrit par : Jean-Marie MATHIEU | jeudi, 05 février 2009

Vous avez raison ! L'énergie miraculeuse est ce qui "illustre" le mieux cette non-rigidité de l'action divine, ce qui ne signifie pas non-concrétude car, précisément c'est là ce qu'il y a, sans doute dans le monde, de plus essentiellement concret !

Écrit par : Thierry | jeudi, 05 février 2009

Suite à la remarque d'un ami moine bénédictin, je vais préciser le sens des deux HH dans le Nom YHWH et dans le schéma historique développé dans mon article sur l'ère du Verseau-Lion. Les deux HH ne veulent pas signifier qu'il y a deux Esprits Saints, bien sûr ! En proclamant notre foi, nous disons:"Credo...in Spiritum Sanctum...Qui ex Patre Filioque procedit, Qui locutus est per prophetas." Selon une intuition ancienne dans l'Église, la mission des Personnes divines dans l'Histoire (ad extra) reflète leurs relations au sein de la Vie trinitaire (ad intra). Le Saint-Esprit, procédant du Père et du Fils comme d'un seul Principe et par une seule spiration, a une mission duelle, puisqu'Il est le courant d'Amour qui va du Père, origine, vers le Fils, Lequel à son tour renvoie ce courant d'Amour vers son Père, rebouclant ainsi le circuit éternel. Concernant notre ''Père'' ABRAHAM, vous remarquerez l'ajout du H en son nom lors de la deuxième époque, celle de l'ère du Bélier : H premier H du Nom, soit l' Esprit du Père!

Écrit par : Jean-Marie MATHIEU | dimanche, 19 avril 2009

Certes. L'Esprit de Dieu est duel mais il est unique en tant qu'il est l'Esprit de Dieu. Il en est de même de la Parole de Dieu (son "Logos") qui ne peut se "dédoubler" de celui qui la profère. Grégoire de Nazianze a bien montré qu'en théologie trinitaire les hypostases doivent être entendues au sens de "relations". Or, pour qu'y ait relation, la duellité est nécessaire.

Écrit par : José | dimanche, 19 avril 2009

Cher José (= ? je regrette cette 'mode' de l'anonymat blogeur!),
Bien évidemment, le Saint-Esprit est l'Esprit de Dieu. Mais a-t-on suffisamment lu avec attention ce qu'écrit saint Pierre en sa 1ère Épître, chapitre 1, versets 10-11? Lisons:"Sur ce salut ont porté les investigations et les recherches des prophètes, qui ont prophétisé sur la grâce à vous destinée. Ils ont cherché à découvrir quel temps et quelles circonstances avait en vue l'Esprit du Christ, qui était en eux, quand ils attestaient à l'avance les souffrances du Christ et les gloires qui les suivraient." Vous avez bien lu, les prophètes de l'Ancien Testament - un ISAÏE, un JÉRÉMIE, un ÉZÉCHIEL - avaient en eux "l'Esprit du Christ"! Cette précision, qui a tant étonné le P. Yves CONGAR o.p. dans sa momumentale somme sans équivalent sur la troisième Personne de la Trinité qui exprime l'essence même de Dieu: l'amour, la relation et la communion ( cf. son "Je crois en l'Esprit Saint", Paris, le Cerf, 1995 en 3 volumes, 3ème édit. 2002), eh bien, cette précision est unique dans tout le Nouveau Testament! Voilà pourquoi j'ai cru bon d'en rappeler la référence dans mon article au cœur de l'ère du Bélier. C'est le Christ préexistant ( cf. 1 Co 10, 4-9) qui a inspiré les prophètes hébreux. Avec la connaissance du Nom de gloire de Jésus Ressuscité Y H Sh W H, Clef de l'Histoire universelle, pareille vérité devient lumineuse...
Et je n'en suis que le pauvre héraut.

Écrit par : Jean-Marie MATHIEU | jeudi, 23 avril 2009

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